Le Carré, Scène nationale et Centre d’Art contemporain, Château-Gontier.
Passionnante première biennale Circonférences, qui a rassemblé le temps d’un week-end à Château-Gontier des explorateurs de ce format très particulier qu’est la conférence conçue
comme médium artistique, où l’on put notamment découvrir les étranges Jean Boucault et Johnny Rasse, chanteurs d’oiseaux depuis leur enfance, qui ont déplacé leur talent mimétique dans le champ
de l’art. Outre le caractère extraordinaire de ce savoir donné en partage (savoir parler « oiseaux » en inventant des techniques d’imitation basées sur des pratiques primitives de chant), il faut
s’arrêter sur l’étonnante intensité de présence de ces deux hommes, qui ont incorporé les espèces qu’ils interprètent par le chant mais aussi par la danse, et incarnent avec une dextérité
insolite un répertoire de sonorités d’oiseaux des cinq continents, entre conférence et joutes sifflées, discussion improvisée avec le public et traduction musicale.
par Bertrand Godot
Critique Inferno art attitude, magazine
Une ouverture incroyable de l’espace perceptif et imaginaire s’opère dès les premiers gazouillis des Chanteurs d’oiseaux. Les inviter dans le cadre de la Biennale est un geste curatorial qui
s’inscrit dans une démarche proche de l’écologie politique de Gilles Clément. Jean Boucault et Johnny Rasse mettent non seulement en partage leurs savoirs, mais surtout leur savoir-faire. Ils
nous entrainent avec aisance, par harmonies virevoltantes ou certaines notes plus graves, dans un vaste territoire sensible qui entre en résonance avec des musiques savantes (de Debussy à
Messiaen), avec le cinéma de Pasolini et la philosophie de Gilles Deleuze, tout en touchant aux questions de la transformation, du pouvoir presque magique et du devenir ouvert.
par Smaranda Olcèse
Une joyeuse conférence ornitho-perchée
Johnny Rasse et Jean Boucault, les Chanteurs d’oiseaux, accompagnés par Raphaël Dumont, au saxophone, on fait passer un moment merveilleux, sensible et émouvant aux très nombreux spectateurs
qui étaient venus à leur rencontre, dans cette salle plein comme un œuf.
Une heure trop courte a rendu heureux tous les enfants, enchanté les parents, ravi les autres personnes qui avaient voulu découvrir leur talent et retrouver les sifflements, trilles, chants,
gazouillis, pépiements qui sont notre environnement sonore si quotidien que, parfois, on ne remarque plus. Pourtant, les plus grands compositeurs classiques et modernes les ont appréciés et
s’en sont inspirés, Rameau, Mozart, Debussy, Messiaen... pour créer des œuvres musicales majeures que le saxophone de Raphaël nous a interprétées, en solo ou avec Jean et Johnny aux syrinx.
Avec humour et pédagogie, ces oiseleurs de sons ont présenté les membres de la gente volatile, leurs mœurs, leurs amours, leurs stratégies de séduction ou d’intimidation, à travers les
modulations de leurs chants qu’ils ont reproduits avec virtuosité, transformant la salle du spectacle en une immense volière peuplée de serins, de canaris, de mouettes, de poussins, de
rouges-gorges, d’aigles, de bergeronnettes… et même de pingouins, à la grande joie des enfants émerveillés.
Gageons qu’ils ont attisé plusieurs passions et éveillé certaines vocations artistiques.
Nature, musique, poésie, humour furent les ingrédients de cette soirée magique qui restera longtemps dans les mémoires.
Ouest France